Blessé.. (PV Georges)

Si l'humeur pouvait prendre une couleur, celle de Lauri aurait été à peu près aussi rouge que le sang qui lui dégoulinait de la tête. Il venait de se faire attaquer. Pas de quoi en faire une montagne, pour un Auror, me direz-vous ? Ajoutez à ça sa semaine d'insomnie, le fait qu'il ait cassé la baguette magique de son père, que les Mangemorts qui l'avaient attaqué étaient les tortionnaires et assassins de ses parents, qu'ils aient tué une innocente devant lui, qu'il avait lui-même failli y rester, qu'ils s'étaient enfuis et que les nouvelles de Finlande étaient plus que mauvaises. Mélangez un peu et vous aurez approximativement l'état nerveux de l'Animagus. Sa rage était en réalité destinée à couvrir les cris de sa culpabilité. Il se sentait coupable de la mort de la jeune femme, tuée par les Mangemorts.
Le sorcier avait réussi à transplaner jusqu'à Loutry Ste-Chaspoule, mais il était blessé et très faible. Il fallait qu'il trouve de l'aide. Comme il ne voulait pas trop attirer l'attention des Moldus sur lui, il prit sa forme de corbeau et s'envola tant bien que mal. Il se posa une ou deux fois sur les rebords de fenêtre afin de reprendre son souffle.

Au bout d'un bon moment, Lauri arriva vers une maison relativement biscornue qu'il identifia comme le Terrier, la demeure des Weasley. Il alla se poser devant la porte d'entrée, reprit sa forme humaine et frappa à la porte.

En considérant l'ambivalence caractérielle comme une qualité immense, on aurait pu dire que Georges Weasley était quelqu'un sans le moindre défaut. Il n'était pas dans son habitude de changer d'avis comme de chemise, mais il lui fallait bien avouer que ces temps-ci, il n'avait pas vraiment le choix. Que cela concerne la vie des sorciers en générale, sa vie à lui ou un quelconque problème du Ministère, des avis fusaient concernant ces trois domaines pourtant bien divers. Malheureusement, lui, le sorcier à moitié diplômé, pensait que finalement, tous les problèmes avaient la même solution. Il n'y avait donc rien d'étonnant à le voir lancer un " silencio " sur un feu ardent dont les crépitements jaillissaient comme un flux de paroles. Malgrè tout, il allait mieux depuis peu de temps. Sa brusque coupure avec sa famille et le monde magique l'avait quelque peu sonné, mais on pouvait dire qu'il avait reprit des couleurs, aussi bien moralement que physiquement. Il n'avait pas vu les membres de sa famille depuis pas mal de temps et avait décidé de faire un tour au Terrier, où il pensait trouver à coup sûr sa mère. Mais en arrivant, il vit un mot destiné à son père, qui lui devait être au travail, indiquant qu'elle était parti faire quelque achat sur le Chemin de Traverse. Cette découverte le renfrogna, mais il préféra, en attendant l'arrivée de quelqu'un, se livrer à une activité qu'il adorait : le dégnomage. Laissant sur une chaise son manteau, il prit sa baguette et sortit à l'extérieur, dans le coin du jardinet où l'herbe était la plus haute et la plus dense. On distinguait quelques vagues silhouettes, assez pour permettre au sorcier de bien s'amuser. Il en faisait voltiger deux au dessus de la haie quand au loin, il distngua une forme, une forme qui bougeait, un être humain. Par ici, peu de gens se baladaient. Il y avait les Lovegood, qui ne vivaient pas loin, et la colline de Têtafouine, qui elle était idéale pour les pique-nique. Mais la démarche du personnage avait quelque chose d'inquiétant.

Mais au début, le sorcier n'y prêta pas attention. Il partit à l'autre bout du jardin, derrière la maison, là où il avait le plus de chance de trouver un nombre conséquent de compagnons de jeu. Mais quand il entendit plusieur coups frapper à la porte d'entrée principale, il n'hésita pas. Laissant de côté les gnomes, il se releva et poussa la petite barrière, allant à la rencontre de cette fameuse personne. Il entra dans la maison et ouvrit la porte, qu'il n'avait d'ailleurs qu'à pousser, car il ne l'avait pas verouillée. Quand il ouvrit, il mit du temps à reconnaître la personne qui allait se faire son interlocuteur. C'était un homme, aussi sûrement qu'il s'appelait Georges. En détaillant bien ses traits, il parvint à identifier l'individu : Lauri Hakala, un membre de l'Ordre. Il avait la mine blanchâtre et du sang ... Oui du sang ruisselait bel et bien sur sa joue. Atterré, Georges s'écarta de la porte, sortit à l'extérieur et poussa le sorcier à l'intérieur. On aurait dit qu'il venait de se faire attaquer ...

- " Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ? Comment es-tu arrivé jusqu'ici et ... "

Le jeune Weasley s'interrompit. Voir du sang le contrariait. Il pointa Lauri de sa baguette et murmura :

- " Episkey " .

C'était bien mieux comme ça. Sachant parfaitement où étaient les Fondants du Chaudron, il leva sa baguette machinalement et prononça le sortilège d'attraction, de manière à ne pas devoir quitter le blessé du regard. Quand les friandises arrivèrent, il ouvrit instinctivement la boîte et la posa sur une table, autour de laquelle était positionnées deux chaises. Il partit s'asseoir sur l'une d'elle, et proposa à Lauri de faire la même chose. Impatient d'entendre le récit d'icelui, il saisit un chaudron qui disparut vite au fond de son estomac ...

Lauri ne se fit pas prier pour entrer en titubant. Les questions du jeune Weasley arrivaient à son cerveau avec un petit temps de retard. Il fallait que l'Auror s'assoit sans quoi, il risquait de s'évanouir. Car mine de rien (ou pas), les Mangemorts avaient été de vrais sadiques. S'il n'y avait pas eu la jeune femme, le Finlandais ne s'en serait vraisemblablement pas sorti vivant. Cette Moldue s'était sacrifiée pour lui, alors qu'elle ne l'avait jamais rencontré. Elle avait donné sa vie pour un inconnu, sans savoir ce qui allait lui arriver. Cette femme avait fait preuve d'une telle générosité et d'un tel courage...
Perdu dans ses pensée, Lintu s'assit en face de... Fred ou Georges ? Bonne question. Le sortilège de ce dernier avait arrêter le saignement de la blessure de l'Animagus, qui était la seule blessure apparente qu'il avait eu. Et c'était un miracle, avec tout ce que lui avaient fait subir ses agresseurs. Malheureusement (ou heureusement) pour lui, le sortilège Doloris n'était pas l'unique moyen de torture que connaissaient les assassins de ses parents.
Après quelques minutes, l'Auror raconta ce qui s'était passé à son interlocuteur, sans omettre le moindre détail.
En fait tout était partie d'une mission que lui avait confié le Ministère. Il s'était rendu où on lui avait demandé et avait commencé à enquêter. Au bout de quelques jours, il avait trouvé un lieu de rassemblement d'un petit groupe de Mangemorts qu'il avait tout de suite identifié comme ceux qui avaient torturé et tué Matti et Heaven Hakala. Le seul petit problème était qu'il s'était fait repéré et désarmé. Ensuite, ils avaient commencé à le torturer de mille manière différentes.

...et au moment où ils avaient décidé de m'achever, une jeune femme, d'à peu près mon âge, s'est jetée entre eux et moi. Je n'ai pas eu le temps de crier qu'un éclair vert l'atteignait de plein fouet. Je me suis dépéché de ramper jusqu'à ma baguette et j'ai désarmé l'un de mes attaquants. Après m'avoir lancé quelques sortilèges, ils se sont enfuis.

Il prit un fondant d'un geste machinal et le mangea.

Et pour ce qui est de savoir comment je suis arrivé jusqu'ici dans l'état où je suis, je ne sais pas comment j'ai fait. Apparemment j'avais encore assez de forces pour réussir un transplannage et une métamorphose.
Excuse-moi si je m'impose un peu, mais... est-ce que je pourrais avoir quelque chose à boire, s'il te plaît ?