Le Prisonnier du temps

L’homme était assis au milieu de la pièce vide, les yeux à demi clos. Les cachots étaient désertés à cette heure et nul ne se doutait qu’à cet instant, un anonyme laissait couler ses larmes, trop longtemps retenues. Les pleurs … Seuls témoins d’un souvenir volage, qui s’estompait au fil des années, monotones. L’homme était à même le sol, le cul gisant sur les carreaux givrés des souterrains. Un bruit de chaînes résonnait dans le lointain. Ce devait être Peeves et l’homme n’esquissa pas l’ombre d’un mouvement.

Cela faisait si longtemps qu’il ne l’avait rêvé … Il imaginait ses courbes généreuses, voilées par une jupe de prude. Il se souvenait de son sourire attrayant, de ces desseins interdits. Il devinait les lignes de son corps, le parfum de ses cheveux roussis.

A force de la contempler, il avait fini par se perdre dans le vert bouteille … Aussi verts que le blason de sa maison, aussi alcoolisés que la bouteille qu’il tenait à la main, hagard. Qui pouvait prétendre le connaître lui, homme rongé de déception. Toute sa vie n’était que faux semblants. Il se contentait des seconds choix. Brillant élève, il aurait pu devenir ministre. Mais non, le garçon naïf et réservé avait opté pour une carrière d’enseignant, sans doute par peur de quitter le seul endroit où il se soit jamais senti chez lui. Poudlard … Un simple nom qui valait tout l’or du monde. Il y’avait grandi, puis s’y était installé pour ne plus jamais le quitter. Le château recelait de tant de souvenirs … Oui, c’était cela, l’homme vivait dans ses souvenirs, maniant l’art du regret avec hardiesse. Si encore il avait eu le poste tant espéré … mais là encore la vie lui avait imposé un droit de veto.

Il soupira. Le monde était mal fichu ce soir … Buvant une dixième gorgée de vodka, il s’endormit à moitié, le visage baigné de larmes et de sueur. Elle aussi avait déserté son cœur, vingt ans auparavant. Tous, les uns après les autres, lui tournaient le dos, cruels. Nul n’entrevoyait l’ange qui sommeillait encore, tapis au fond de cette façade morne et taciturne.

Tous, excepté Dumbledore. Mais le vieillard se faisait vieux et ne tarderait point à disparaître. Et lui … Combien d’années encore allait il devoir entretenir le flambeau de cette vie gachée, cette vie vécue qu’à moitié …



Une Vodka

Deux Vodka



Le monstre s’endort peu à peu. Seul subsiste encore le petit être au dos voûté. Il traverse la cour en claudiquant, victime du mépris de quatre orgeuilleux.



Trois Vodka

Quatre Vodka



Il voit bien comment elle le regarde … Il surprend un sous entendu, une main effleurée. Elle s’éloigne. Elle meurt tout au fond de son cœur d’enfant déçu. Finalement, elle est comme eux … Différente.



Cinq Vodka

Six Vodka



Servilus … C’était son nom.



Sept Vodka

Huit Vodka



Combien de temps encore devra t’il danser la ronde. Il tourne en rond, sans partenaire. Le temps n’a plus d’importance. Il est trop tard pour regretter.



Sur le tableau noir, une craie effacele cours du jour. Déconcertant!



"Le Monde n'est qu'une immense entreprise à se foutre du monde."

Han ma Janette j'adore( j'arrête pas de dire ça en ce soir XD)

J'aime beaucoup ton style d'écriture en général et, même si ce texte n'est pas léger comme quand tu écris dans la tête blonde de Jane, c'ets tout aussi bon et agréable à lire.

Un beau texte, ça m'a vraiment touché. En bref j'applaudis des deux pouces

Superbe

Franchement j'adore ton style, c'est un sujet tellement bien choisi et bien traité!!

Bravoo!!